Vidéo – Que faut-il croire quand on est juif ? Que valent la Bible et le Talmud face à la force de l’interprétation ? Sens et norme sont toujours flexibles.
Par Catherine Golliau
Que faut-il croire quand on est juif ? Peut-on se limiter à l’enseignement écrit de la Torah comme le revendiquent les karaïtes, cette secte juive aujourd’hui ultraminoritaire ? Doit-on suivre à la lettre les commentaires talmudiques, nonobstant le fait qu’ils ont pour auteurs des rabbins de l’Antiquité ? À cette question, qui pose bien sûr le problème du fondamentalisme et de la possibilité ou non d’interpréter les textes à l’aune de l’histoire, la tradition juive a répondu par le droit à la flexibilité. Comme le rappelle l’anecdote évoquée dans cette vidéo par Jean-Christophe Attias, professeur à l’École pratique des hautes études et auteur, entre autres, de Comprendre le judaïsme (CNRS, 2013), le sens d’un mot et sa fonction peuvent évoluer en fonction du temps, de l’espace et de la personnalité de celui qui le lit. Le néophyte doit faire confiance à la science du maître, sachant que celui-ci doit être bien sûr à la hauteur de ses prétentions en matière de connaissance. Cette anecdote dit beaucoup de choses du judaïsme : que c’est une religion de l’interprétation, de la réflexion, mais aussi de l’humilité et de l’étude. C’est par la transmission et par le truchement d’une relation vivante entre maître et élève que s’imposent le sens et la norme, indéfiniment adaptés.