Privés par l’histoire de leur temple, les juifs se rassemblent dans une maison commune, la synagogue. Explications de Jean-Christophe Attias dans cette vidéo.
Par Catherine Golliau
Qu’est-ce qu’une synagogue ? On a souvent tendance à mettre ce lieu de culte sur le même plan que l’église chrétienne. Elle est pourtant bien différente, comme l’explique dans cette vidéo Jean-Christophe Attias, professeur à l’École pratique des hautes études et auteur, entre autres, de Dictionnaire des mondes juifs (CNRS, 2013). À l’origine, les juifs communiaient en un seul temple, centre de la vie religieuse qui était à Jérusalem. Celui-ci fut détruit deux fois. Le premier édifice, qui, d’après la Bible, avait été construit par Salomon, fils de David, roi mythique d’Israël, fut mis à bas en 587 avant notre ère par les Babyloniens, qui, dans la foulée, emmenèrent avec eux en exil une partie du peuple juif. Sa reconstruction n’est entreprise que quelque soixante-dix ans plus tard par les exilés de retour de Babylonie. Embelli et agrandi par Hérode au Ier siècle avant J.-C., ce second temple est détruit par les Romains en 70. Privés de sanctuaire central, dispersés, exilés, les juifs déplacent leur culte dans des lieux qui existaient déjà de longue date, mais qui vont se multiplier et gagner une importance nouvelle : les synagogues, les « maisons d’assemblée ». On y prie ensemble et on y lit la Torah. Un culte du cœur et de l’étude se substitue définitivement au culte sacrificiel du sanctuaire perdu. C’est toujours là que les juifs pratiquants, hommes, femmes et enfants, se retrouvent chaque semaine, l’occasion, comme le rappelle ici Jean-Christophe Attias, de se former, de renforcer et d’enrichir leur identité.