Terme hébreu signifiant « voûte », « calotte », la kippa est devenue pour beaucoup le symbole même du juif pratiquant. Comme l’explique Jean-Christophe Attias, professeur à l’École pratique des hautes études et auteur de Penser le judaïsme (CNRS, 2013), se couvrir la tête n’est pourtant devenu obligatoire qu’au Moyen Âge, et encore pas en toutes circonstances. Le Choulhan Aroukh, un code compilé au XVIe siècle, affirme ainsi « qu’il est interdit de marcher quatre coudées, soit deux mètres, la tête nue », par respect pour l’Éternel. Dans la chrétienté, le concile de Latran de 1215 exigea par ailleurs des Juifs qu’ils se rendent reconnaissables par leurs vêtements, ce qui rendit obligatoire le port d’un chapeau, et en Islam, on imposa également aux Juifs, soumis à un statut d’exception, le port d’un couvre-chef distinctif. Plus discrète que le chapeau (que maints orthodoxes continuent néanmoins de porter), la kippa s’est imposée, à la fois comme signe d’humilité en présence de Dieu mais aussi de revendication identitaire, un signe de ralliement et de reconnaissance. Il en existe ainsi de styles très différents, qui renvoient chacune à un univers particulier. En Israël, la « kippa tricotée » (« kippa srouga ») évoque souvent une affiliation à la tradition « religieuse nationale ». La kippa de velours noire, élégante mais austère, est souvent portée par les ultra-orthodoxes, qui, eux, ne sont pas forcément sionistes…
Le judaïsme expliqué par Jean-Christophe Attias #3: La kippa (lepoint.fr, 24 février 2017, vidéo)
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Par Catherine Golliau